Bienvenue !

Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

vendredi 29 août 2008

Paradoxes temporels (21/21)


Vingt-unième épisode. 

- « Vous n'allez quand même pas faire ça, oh, les humains ? On ne peut pas lutter contre vos armes !
- Remarque, s'il fait le boulot à ma place...
- Non ! Il ne peut pas sauf à se faire engueuler par ses maîtres parce qu'il n'a pas été foutu d'aller au bout du plan préparé par eux. Dont on sait par ailleurs qu'il marche.
- C'est son choix ? Tu crois ?
- Non ! Il ne choisit pas, parce qu'il sait déjà que sa solution va avoir le dessus. Sans ça, tout un pan de son monde à lui se serait déjà écroulé. Or, il n'en est manifestement rien.
- Mais pourquoi n'impose-t-il pas sa volonté, le Michel, puisqu'il est le plus fort ici ?
- À mon avis, c'est parce que ce n'est pas la bonne solution. Manifestement, il n'a pas de prise sur notre libre-choix d'humain !
- Comment ça ?
- Il peut nous empêcher par la force de massacrer du Krabitz, mais ça doit ne servir à rien... J'imagine que d'autres reviendront le faire à ta place, Amiral ! Il doit nous convaincre et ne pas violer notre libre-arbitre !
- Tu compris vite Patrick » confirma Michel...
- « Alors qui choisit ? » demande l'Amiral.
- « Toi!  Amiral ! Il n'y a que toi. Mais je crois qu'en fait tu n'as pas d'autre choix que d'arrêter la procédure d'éradication qui est en marche et que tu pilotes !
- Et je fais ça comment ?
- Je ne sais pas encore. Une idée Michel ?
- Tu te débrouilles très bien tout seul Patrick. Remarquable ! Sauf que moi, je n'ai pas de choix. Je sais que je n'en ai pas, je sais que je ne sais pas en faire : c'est manifestement réservé exclusivement à ton espèce. Les maîtres vous ont vraiment voulu au meilleur niveau de compréhension et de liberté. Je les en remercie et les en loue !
- Donc retour à la case départ », fait l'amiral !
- Ouais, sauf qu'on est deux. Alors on va réfléchir ensemble. Parce que moi, je commence à avoir envie de raccourcir l'entretien, même si j'ai plaisir à avoir fait connaissance avec ma descendance. C'est sans doute assez rare. Donc Michel, pas même un petit coup de pouce ?
- Lequel pourrai-je fournir ?
- Nous montrer les conséquences éventuelles du choix d'un affrontement ?
- Et je fais ça comment ?
- Par un de tes sortilèges. Tu dois avoir plus d'un tour dans ton sac, non ?
- Je ne peux pas. D'abord ça n'existe même pas dans mon imagination, ni même dans votre réalité. Ensuite je ne peux que détruire votre espèce, pas la contraindre. Nos maîtres vous ont fait libres comme eux, ce qui est quasiment unique dans cet univers-là. Et je ne peux rien contre ça !
Et enfin, votre fonctionnement cérébral ne me permet pas d'être totalement convaincant. Il faudrait l'intervention d'un de mes Maîtres pour y parvenir. Si on pouvait éviter, je vous en serai très reconnaissant.
- À ce point-là ? C'est déjà une situation forte contraignante que la tienne, Michel, le sais-tu ?
- Je le sais. Mais je ne veux pas faire autrement. Je ne dois pas le faire.
- Donc retour à la case départ ! » confirme l'amiral.
- « Ouaip ! Pas bien avancé. Comment en êtes-vous venus à monter une expédition punitive et exterminatrice contre cette espèce là, au QG de la légion ?
- Dans le temps, nos robots explorateurs nous ont envoyé des informations sur l'existence de cette planète. Une expédition scientifique a été envoyée dans la région pour faire un tri. Et c'est elle que nous n'avons jamais revue. Voilà pourquoi nous avons fait fissa pour envoyer une flotte dans le coin, alors même que nous devons aussi livrer combat contre les rebelles de Qarassa en ce moment, à l'autre bout de cette galaxie. Bref, je perds mon temps, ici !
- Il est suspendu » précise Michel.
- « N'empêche ! Nous avons fini par détecter des vaisseaux rudimentaires qui nous ont amenés ici pour finir par trouver l'épave de notre mission scientifique sur cette planète. Mais a priori sans signe de vie, sauf que ces maudites touffes d'herbe ont assailli nos machines et qu'il nous a fallu nous replier sous le coup de la surprise.
- Attendez ! C'est vous qui êtes venus polluer notre écosystème local. Et que je te piétine et que je te massacre la bouffe ! Pas plaisant qu'un malotru se débarbouille dans ce que vous mangez !
- Minute Edgor ! Comment voulais-tu qu'ils sachent ?
- Ce qu'on sait, c'est que rapidement, nous avons vu affluer une flotte de combat dans la région : nous nous apprêtions à livrer combat. Et te massacrer cette vermine ! » continue l'amiral.
- « Ça reste à voir !
- N'en doute pas Edgorkloonyx ! Ils sont capables de vous anéantir et vous serez contraints de lâcher prise et d'aller beaucoup plus loin » intervient Michel. « Or, par malchance, votre seule issue est justement à l'opposé des entrées des « sans âmes » dans ce monde. Et je vous rappelle que j'ai besoin que vous vous y déplaciez vite avant qu'ils ne soient trop nombreux dans mon jardin.
- Donc pour ça, tu as besoin des humains pour les y emmener ? » demande Pierre !
- « Exactement ! Mais pas trop quand même, sans ça, ils deviendront l'espèce dominante de mon univers.
- Amiral, voilà un bon deal ! Tu ne massacres plus, tu expédies, tu exiles tout ça à l'autre bout de l'univers et le tour est joué !
- Mouais !...
- Eh ! Oh ! Qui vous dit que nous accepterons ? » fait alors Edgor.
- Excuse-moi ! Mais je ne crois pas que ton peuple ait vraiment le choix. Et puis tu ne vas pas aussi nous contrarier Michel. Sans ça, on est encore ici à la Saint-Glinglin !
- C'est quoi ça, cinglinglin ?
- T'occupe : une expression de mon époque !
- De la mienne aussi » confirme Landditsy. « Mais on en a d'autres plus courantes. Ça veut dire dans encore longtemps.
- Ah !
- Pourquoi pas, Patrick » dit Michel en souriant !
- « Quelque chose te l'interdit, Landditsy ?
- Pas vraiment, du moment qu'on est loin d'eux et que l'on puisse terra-former cette planète-là plus les quelques autres du secteur. C'est que nous avons du monde à déplacer dans les semaines à venir !
- Mais je proteste énergiquement ! » la ramène Edgorkloonyx. « De quel droit nous devrions céder la place ? J'entends qu'on ne dicte pas sa condition de vie à mon espèce!
- Tu n'as pas le choix ! C'est ça où je génocide !
- Ah non ! Michel t'en empêchera, puisque nous avons été créés par le Créateur justement pour arrêter les « sans âme » dans leur destruction de son jardin !
- M'enfin ! » fis-je. « Que nous racontes-tu, Edgor ? On vient de te dire que l'amiral est capable de t'emmener dans un lieu où tu ne peux pas aller par tes propres moyens et vous serez tous utiles à prospérer pour la plus grande joie du Créateur et de son Eden ! À vous bouffer des « sans âme » ad vitam æternam sans être gênés par qui que ce soit, votre met préféré jusqu'à la fin des temps !
Alors que là, vous croupissez de planète en planète pour vous survivre ! T'es quand même pas banal !
- ...
- C'est loin ? » demande l'amiral.
- « Oui ! » répond Michel. « Bien au-delà des endroits où vous avez l'habitude de naviguer. Mais je peux guider vos vaisseaux.
- C'est dangereux ? » demande alors Edgor.
- « Oui ! Mais moins que les humains. Il y a bien quelques espèces assez belliqueuses sur place que vous allez gêner. Mais je suis sûr que l'Amiral et les humains se feront un plaisir de vous protéger et de les pousser un peu », répond Michel.
- « M'ouais! Bé, ce n'est pas gagné ! » conclu l'amiral Landditsy.
- « Écoute ! C'est un mal pour un pire. Personnellement, je ne vois pas d'inconvénient à ce que l'on trouve une solution acceptable pour tout le monde. D'autant que s'il y a d'autres planètes à coloniser dans ce secteur là-bas, c'est plus qu'une promotion pour toi, pense-je !
- Certes. Mais ce n'est pas ma mission ! J'explique ça comment au haut Conseil Interplanétaire, moi ?
- Un mot manuscrit de ma part, ça les fera changer d'avis ?
- Patrick, tu m'étonnes. J'ai bien fait de te faire venir jusqu'ici ! » raille Michel.
- « Peut-être ! » répond l'Amiral. « Mais ne croiront-ils pas à un faux?  
- Avec mon empreinte digitale et une goutte de mon sang ? Ça devrait suffire à emporter la conviction de tes contradicteurs ! » 

« Ce qui fut fait, ma chère ! » me dit alors Cortinco, en terminant son récit !
« Qu'avez-vous écrit ? Et sur quoi ? »
« Moi, P. Lierreux, fondateur de la « S.F. », né à, le tant, affirme prendre la responsabilité de donner contrordre à l'Amiral Landditsy, ce jour ! ». J'ai daté du jour indiqué par l'amiral, enfin une série de chiffres et de lettres à laquelle je n'ai rien compris, se terminant par 516, en langage de mon époque, ce qui a d'ailleurs soulevé un problème pour l'amiral qui a cru que je me foutais de lui.
Je lui ai expliqué qu'ils sauraient décrypter et que ça rendrait encore plus crédible mon « message »,  qu'il a admis. Et j'ai signé rapidement avec mon doigt ensanglanté par mes propres soins : je m'étais mordu la caouane du pouce gauche pour tout vous dire, voyez encore la cicatrice, laissant ainsi l'empreinte de mon index droit, le tout sur un mouchoir dégueulasse que j'avais dans la pochette de mon pyjama, ce qui rajoutait encore en crédibilité imaginant que personne n'utilisait plus ce type de matériau pour cet usage.
Mais finalement, je n'en sais rien. 

Et je me suis retrouvé ici, en sueur, baignant dans mon sang, la blessure pas encore cicatrisée, sans même dire au revoir à personne et avec une très forte envie de pisser !
Était-ce un cauchemar ?
Ou bien une réelle tranche de vie ?
Je n'en ai pas la moindre idée. Mais ça m'a décidé à finir de boucler la boucle avec vous. 
- Et comment avez-vous fait pour faire revirer la position de l'Amiral ?
- Je lui ai parlé du « pacte des paradoxes temporels » à l'oreille. Personne d'autres que les lecteurs du « blog d'infreequentable » ne pouvaient savoir.
Or, il était logique qu'à son époque, seuls les travaux de Pery avaient sorti ce terme de l'oubli. Pour finir forcément dans les états-majors de sa légion à lui, peut-être comme d'une simple légende, peut-être comme des ordres impérieux.
Et là, forcément, Landditsy, savait l'existence de ce pacte !
- Et la date ? À votre avis, c'était T + combien ?
- Vraiment aucune idée ! Très loin dans notre futur, à n'en pas douter ! » 

 « Vous comprendrez pourquoi, il fallait que tous ces mots-là soient dits et écrits quelle que part sur des supports qui traverserons le temps.
Pour être retranscris, par vous-même, puis par Pery, pour que la « légende » prenne corps, même si elle est complètement stupide, et fonder ce « pacte » sorti tout droit de mon imagination à l'occasion de ma supposée rencontre avec Michel, Landditsy et Edgorkloonyx, flottant au large d'une planète encore inconnue !
« Pas les Krabitz » !
Pas les Krabitz ! 
Et puis, il fallait bien, aussi, refermer toutes ces boucles du temps, ouvertes ici et là. Tous ces « paradoxes temporels » qui me donnent encore des sueurs froides. »

Ce soir, c'est fait, Monsieur Cortinco !
Reposez donc en paix ! 


Ch. Caré-Lebel 


PS : Je prie les lecteurs de « 2008 » de bien vouloir m'excuser à nouveau d'avoir « piraté » le site de l'Infreequentable à mon corps défendant.
Espérant seulement ne pas vous avoir trop perturbés, voire peut-être même, distraits au moins un peu.
Et je remercie vivement le dénommé Infreequentable de m'avoir accueillie malgré lui sur son site, malgré le procédé pour le moins « cavalier ».
Merci à tous. 


Ch. C-L.

jeudi 28 août 2008

Paradoxes temporels (20/21)


Vingtième épisode. 

Il fallait reprendre.
- « Euh... J'ai l'impression que lui, il a le temps, le Michel », fit remarquer Edgor.
- « Ensuite l'émissaire attendu par la légende, c'est Lierreux, le fondateur. Pierre. Or, sauf toi, tout le monde t'appelle Patrick, ici ! Une erreur dans le scénario dudit mage Michel. Qui plus est, depuis toujours dans la légion, les fonctions d'Amiral envoyés en mission, sont réservées aux descendants de Pierre, uniquement ! Moi, ça m'a bien arrangé, vis-à-vis de mes petits camarades de promotion.
- Parce que tu es réellement un de mes descendants ?
- Oui ! Si tu es vraiment Pierre. Parce que jusque-là rien ne me dit que tu sois mon aïeul ! Loin de là ! Un ectoplasme, un jeu de rôle imposé par Michel avec mes propres fantasmes peut-être ! Mais, je n'ai jamais cru à ces légendes et encore moins à cette supposée rencontre dans le futur ! Faudrait être débile !
- Bon, les histoires de famille... » fit Edgor.
- « La ferme, le tas d'herbe ! Comment vas-tu prouver que tu es mon aïeul ? C'est déjà une situation de fou, puisque tu es mort depuis des siècles, tu vivais sur la planète Terre que je ne connais même pas moi-même et que tu ne te nommes même pas comme lui !
- Ah bé ça, je n'en sais fichtre rien ! Une comparaison génétique, peut-être ?
- Je ne suis pas équipé et l'autre emplumé a figé le déroulé du temps. Je ne crois pas qu'il me laissera repartir sur mon vaisseau pour finir ce que j'ai à faire à bord.
- Vous avez une idée, Michel ? Faut-il que je lui raconte ma vie.
- Il l'a connaît.
- Tout le monde en connaît les grandes lignes.
- Un détail que seuls les officiers de son rang connaissent ?
- Oui. Au moins deux. Dis-lui où tu es né et montre lui ta tâche de naissance. Il a la même. Et une locution. Que tu connais déjà pour l'avoir entendue dans ton futur, mais que tu censé inventer maintenant.
- Une tâche de naissance ? » s'interroge Patrick.
- « Sur ta cuisse. Lui il l'a sur le cheville.
- Comme si ça suffisait ! » s'emporta l'amiral. « N'importe qui peut raconter cette histoire.
- Tu as raison ! On nous manipule. Et puisque ce gamin-là est mon petit-petit-fils, y'a pas de raison que je m'y fie », dis-je à Michel comme par défit. « Et puis, connaître de son futur... pour moi c'est du passé !
- Montre-lui quand même et rapprochez-vous pour que tu lui murmures le lieu de ta naissance et ton secret.
- Mon secret ? De quoi s'agit-il, toi qui sais tout ?
- Ça, je ne sais pas vraiment tous les détails. Un truc d'homme j'imagine. Mais ça marche, puisqu'il doit enfin de te faire confiance.
- Ah parce que maintenant je peux bouger ? » fit l'Amiral
- « Chaque chose en son temps », lui répond Michel. 

Et les deux humains flottèrent l'un vers l'autre. Une fois assez proche, Patrick confie les informations à l'amiral qui l'écoute et l'autre lui demande comment on pouvait se sortir de cette situation. Sans que Patrick ait pu répondre, les deux corps flottèrent en sens inverse pour revenir là où ils se tenaient chacun auparavant.
- « Je peux être au courant de ce qui se passe, ici ! » demanda Edgor.
- Il se passe que nous cherchons une issue à cette situation » intervient Patrick. « Et ni l'un ni l'autre ne savons comment faire pour le moment. Mais ça va venir, puisqu'il paraît que nous sommes intelligents... d'après Michel.
- La solution, puisque vous vous êtes reconnus, c'est que vous lui disiez la sagesse, à votre descendance.
- Oui, enfin, soyons clairs, Michel : Je n'ai aucune autorité, même morale sur mon fiston. Il fait ce qu'il veut et ce qu'il croit devoir faire ! Ce n'est pas moi qui vais devoir passer en conseil de guerre ni même affronter mes hommes qui ne demandent qu'à en découdre.
- Bien envoyé grand-père ! Mais je ne comprends pas pourquoi tu t'appelles Cortinco alors que tout le monde te connaît sous le nom du fondateur Lierreux.
- Parce que c'est comme ça ! J'ai eu une vie très perturbée par bien des soucis et j'ai changé plusieurs fois de nom et de lieux pour éviter la connerie de mes contemporains et quelques maris jaloux. Mais, c'est vrai que j'avais celui-là quand je me suis inscrit au barreau d'avocat, comme d'un surnom, ou une sorte de marque commerciale.
- Bizarre quand même !
- Moi, j'ai des questions à poser à Edgor ! Tu dis me reconnaître, mais dis-moi comment ? Parce que tu sais, pour mon œil d'humain, un tas d'herbe, ça ressemble à un autre tas d'herbe. Et vous étiez nombreux lors de mon premier passage sur votre passerelle !
- Je t'ai déjà dit que j'étais à ta recherche quand j'ai été surpris par les « sans âmes ». Enfin, pas spécialement toi, mais je suis celui qui a fait le voyage au moment de l'arrivée des poussières. Si, c'est toi, tu nous as promis de revenir. Et tu l'as fait, sauf que ce n'était pas toi. Mais un de tes amis que nous avons recueilli... Mais tu sais, pour les Krabitz, un humain ça ressemble à un autre humain. J'ai donc décidé de prendre sa machine volante pour faire le chemin inverse. Et j'ai réussi après plusieurs tentatives. À peu près au moment où les poussières nous ont envahis. Je ne savais pas encore que nous pouvions nous en nourrir !
Je comprends mieux pourquoi aucun de mes collègues n'est revenu de notre barge, depuis !
Une fois arrivé, manifestement c'était le désordre et je t'ai cherché pour que tu nous aides à nous évader nous aussi !
- Bon et alors ?
- Alors ? Mais je t'ai retrouvé par hasard dans votre dédale empoisonné à l'oxygène !
- Explique !
- J'ai mis beaucoup de temps à te trouver car les poussières étaient bien plus avancées chez vous que chez nous. Il fallait donc que je reparte et c'est là que je t'ai reconnu dans ton monde. Je me suis accroché à toi, enroulé autour de toi pour revenir à mon engin. Je me suis arrêté, désorienté, par un autre humain dont j'ai compris qu'il attendait quelque chose devant une issue fermée. Là, souviens-toi, il y a eu deux explosions, comme un double grand choc. Et nous nous sommes engouffrés dans un puits, celui du retour! Je me suis retrouvé, ici, sur ma planète, toi reparti vers un ailleurs que je ne connais pas, ton ami sans doute ailleurs encore !
- Ne me dis pas que toi aussi tu es tirée d'une époque antérieure aux événements qui se passe autour de ta planète par un des sortilèges de Michel ?
- Si ! Mais je ne suis pas mort, ou quelque chose qui ressemble à la fin du cycle vital. Nous, nous vivons tant que nous avons à manger. On se dessèche ensuite quand nous avons brouté tout notre écosystème.
Notre société vit en se déplaçant de planète en planète un peu partout dans l'espace. On mange ce qui passe à portée et on s'en va. Ou on meurt. C'est comme ça.
C'est moi qui ait vécu accroché un bref instant à ton pied.
- Et tes copains, sur la barge ?
- Personne ne sait. Cette barge, c'est un peu notre légende à nous. Je suis le seul survivant.
- Légende encore vivante, donc, pas comme chez nous !
- Vous vivez « court », vous autres les humains, sans ça vous pourriez détruire tout notre propre espace à nous, vos bergers » s'interpose Michel. « Et encore, avec vos paradoxes temporels et autres machineries, vous avez réussi à polluer bien des territoires normalement inaccessibles à votre espèce !
- Polluer, polluer ! On avance, oui ! » fait l'amiral.
- « Pas assez rapidement et pas dans la bonne direction pour aller jusqu'aux lieux de résidence des « sans âme ». Mais chaque chose en son temps.
- Cortinco, tu confirmes le discours du Krabitz ?
- Je confirme. C'est que je n'ai pas non plus tout compris de ces moments-là. Par contre, je peux t'assurer que ça m'a perturbé un long moment, durant ma vie sur Terre.
- Mais c'est quoi «Terre» ? » demande Edgor.
- « La planète d'origine de cette espèce-là » interrompt Michel.
- « Michel, ne te connaît-on pas sous un autre vocable, justement sur Terre ? » demande alors Patrick.
- « Si ! Des tas. On me prête même des vertus que je n'ai pas. Je ne suis qu'un jardinier, voire un berger, mais vous aimez bien me voir avec des ailes et penser que je suis un archi-ange, un soldat de Dieu !
- Mais enfin, c'est quoi « Dieu » ? Vos divinités ? » interrogea Edgor.
- « Un truc à eux ! Il a bien fallu inventer ça pour qu'ils se calment, sur leur planète. Et puis ça correspond à une certaine réalité. Crédules, mais pas idiots, t'ai-je dit, cette espèce-là. Car la notion, il l'avait devinée avant qu'on aille directement les guider.
- L'Archange Michel ? » s'étrangle l'amiral...
- « Bé oui ! Tu mérites bien ça, Landditsy ! Les étoiles que tu portes sur l'uniforme t'autorisent à causer avec un archange. Moi, je n'en ai pas. Mais bon, j'imagine que ce n'est pas aberrant.
- N'empêche, on fait quoi maintenant ?
- Oh bé tu vas voir, amiral. Il va nous faire le coup de nous menacer de détruire au moins une des deux espèces. Tu vas voir ! Son choix est tout bête, d'autant mieux qu'il connaît forcément le déroulé du futur, auquel nous n'avons pas accès, pauvres misérables créatures divines que nous sommes !
- Tu crois ?
- Évidement ! Soit il nous détruit nous, et tous les humains éparpillés dans l'univers comme j'imagine qu'ils le sont. Parce qu'on menace SA seule solution pour les « sans âme » et c'est ce qui lui importe. Il n'a plus qu'à recommencer à créer une nouvelle espèce pour ouvrir les chemins de l'espace aux Krabitz, laps de temps que va mettre à profit les « sans âmes » pour aller polluer son jardin. Bref, il va se faire engueuler par ses maîtres pour ne pas avoir été capable de mener leur plan à bien et devoir recommencer à inventer une nouvelle espèce, un peu mais pas trop belliqueuse comme nous.
Soit il nous laisse massacrer les Krabitz... » 

Ch. Caré-Lebel

mercredi 27 août 2008

Paradoxes temporels (19/21)


Dix-neuvième épisode.

- « Je fais mon travail. Ma raison d'être. Je veille à l'équilibre de la prairie.
- Et en quoi on perturbe ton équilibre, le mage ? » fit l'amiral sur le même ton incisif. « Jusque-là on a plutôt fait le ménage sur ton pré en arrachant les mauvaises herbes.
- Jusque-là, oui. Sache, humain, que tu es une création de mes maîtres. Quand ils t'ont créé, leur jardin était menacé par les « non vivants », les « sans âmes ». Comme pour nous, le déroulé de ton temps, le fil de l'eau de ton ruisseau, n'a pas d'effet, pas de prise sur nous et les maîtres ont créé des espèces capables de désherber.
Les Krabitz sont de ceux-là.
Vous les Humains, vous ne pouvez rien contre les « sans âme ». Par contre vous avez été créés pour pouvoir faire tout sur toutes les autres espèces. Suffisamment belliqueux pour pouvoir tout balayer sur votre route, justement pour ouvrir la voie aux Krabitz, qui n'ont pas vos talents et leur assurer l'intendance en quelque sorte.
- Tu comprends quelque chose à son charabia, à celui-là, Cortinco ?
- J'aimerai bien savoir en quoi nous sommes capables de « désherber », comme vous dites, puisque nous sommes des herbes ? » la ramène la touffe de feuille ! »
Surréaliste ! 

- « Non ! Rien et vous Amiral ? » fait Patrick.
- Attends, ne compliques pas tout, Edgor » fit Michel à l'adresse du Krabitz. « Tu sais, nous avons fait les terriens très intelligents, mais il y a des limites à tout. Trop, et ils nous auraient bien trouvé le moyen de nous virer de notre pré sans pouvoir pour autant empêcher les « sans âme » de les faire disparaître à leur tour, et c'est toute l'œuvre du Créateur qui aurait disparu.
- Mais vous avez bien les moyens de les suspendre !
- Oui, mais nous les avons fait belliqueux et agressifs. Ils aiment se battre, s'entretuer, détruire, casser. C'est dans leur nature. Ils sont dangereux mais nécessaires. Même si on savait qu'ils arriveraient jusqu'à vous, c'était une nécessité, ils n'ont fait de tout le reste qu'une bouchée de pain, ou presque, pour asservir bien au-delà de leur propre galaxie.
Je te le dis, comme d'une nécessité !
C'est d'ailleurs pour ça qu'ils vivent si peu longtemps... Sans ça, ils seraient même capables d'aller chercher querelles aux potagers des vallées voisines !
Mais ce n'est pas le propos. Des pans entiers de la Création disparaissent, menaçant jusqu'à l'existence du Créateur si on laisse faire les « sans âme ». Il fallait bien qu'ils éclosent quelque part à l'abri de la menace pour mieux mûrir, à nous de doser leur maturité, pour qu'ils puissent aller partout pour rencontrer enfin les « sans âme » que vous allez détruire, vous les Krabitz.
- Mais à quoi donc ça sert, Michel, puisque tu dis que seuls les Karbitz sont capables de combattre les « sans âme » ? » demande Patrick.
- « Et c'est quoi les « sans âme » ? » rajoute Landditsy.
- « Ouais, moi j'aurai fait les Krabitz au moins autant intelligent et belliqueux que les humains et le tour aurait été joué ! » conclut Patrick.
- « Vraiment !... » soupira Michel. « Les Krabitz n'aurait pas pu être assez intelligent et belliqueux pour parvenir jusqu'aux « sans âme » à temps, et l'œuvre du Tout aurait fini par disparaître. Ni les uns ni les autres ne peuvent y parvenir sans l'aide de l'autre ou de l'un.
Vous les humains, on vous a fait assez doués pour parvenir à maîtriser le voyage sur une vaste étendue des eaux de votre rivière, alors même que nous avons été obligés de raccourcir votre existence à peu de chose pour éviter de vous laisser tout détruire.
Nous avons éteints d'autres espèces sur votre planète d'origine, parfaitement pacifiques et fortes goûteuses pour vous faire de la place.
Nous avons été obligés d'envoyer plusieurs émissaires au fil de votre développement pour vous calmer, tellement vous étiez dangereux pour vous-mêmes, vous menaçant plusieurs fois d'extinction mutuelle.
Tout ça pour que vous puissiez partager un peu du reste et rencontriez les Krabitz qui mûrissaient à l'abri de leur côté, pour que vous puissiez les conduire sur les territoires des « sans vie », des « sans âme », pour mieux contenir ces derniers aux confins de nos vallées.
Vous n'allez pas vous détruire dès votre première rencontre ?
Et je suis contraint de suspendre le déroulé de votre espace-temps tant que vous n'aurez pas compris ça !
- Allez savoir !
- Je le sais ! Puisque moi je peux aller partout, voir et observer tout ce que je veux, y compris ce que vous appelez l'avenir. Et puis ma tâche est claire : je préserve le jardin et le fais fructifier. Un point c'est tout !
- Bon et les « sans âme » ou « sans vie », c'est quoi cette invention ? » reprit l'Amiral.
- « C'est une gangrène. Un jour, il y a très longtemps, la matière inerte, dans un coin de l'univers du Créateur, s'est refroidie tellement qu'elle s'effrita. Manque d'énergie. C'était un autre univers, qui a disparu depuis. C'est d'ailleurs pour cela que le Créateur ne fait plus que des univers fermés, mais ça le lasse, ou des Univers plats.
Le problème des Univers plats, qui est celui dans lequel vous évoluez, est qu'effectivement, il est des zones très circonscrites, dans laquelle la matière inerte s'effrite quand même.
Et là, dans mon jardin, nous n'avons pas pris la précaution de nettoyer cette portion là dès l'origine pour pouvoir expérimenter la solution harmonieuse du Créateur, les Krabitz.
Nous avons voulu tester cette autre méthode, voir si elle marche ici même pour l'implanter dans des univers ouverts, à la plus grande joie du Créateur.
Seuls les Krabitz sont capables, sur cet univers, d'étouffer, de fixer, de figer les « sans âme ».
Vous avez été créés pour ça » fit-il à l'adresse Edgorkloonyx.
- Comment ? » demande le concerné.
- Parce que votre métabolisme se nourrit de la matière inerte. Tout simplement. La rendant alors différente, vivante par métabolisation. Ne vous en faites pas, c'est prévu et vous avez été pouponnés jusque-là uniquement dans cette perspective.
- Bon, très bien, mais qu'est-ce qu'on fout là, nous ? » invectiva Landditsy.
- « Vous n'allez pas détruire les Karbitz, mais vous en servir pour arrêter la gangrène qui menace et que vous ne pouvez pas affronter, de toute façon.
- Moi, je ne comprends pas pourquoi les « sans âme » sont une menace. » interrogea Patrick.
- « Parce qu'ils recouvrent tout et tuent la vie photovoltaïque et biologique. Si nous laissons envahir notre univers par ça, il n'y aura plus que des micro-organismes se nourrissant de nitrates, de souffre chaud ou de méthane gelé pour nous nourrir à notre tour et nos maîtres eux-mêmes ! On ne peut pas laisser faire.
- Y'a qu'à demander au Créateur de revoir sa formule !
- Parce que tu crois qu'en t'adressant à ton saint patron, il va te donner les chiffres du loto, toi ?
- Je ne sais pas, je ne l'ai jamais fait.
- Bref, t'es dans la merde comme nous, alors ! » renchérit l'amiral Landditsy.
- « Écoutez, je ne suis pas dans la merde, comme tu dis. Je suis dans la position de vous dire que vous ne touchez pas aux Krabitz. Point ! C'est quand même pas si compliqué !
- Euh... mais ils sont faits de quoi, les « sans âme » ? » réclame le Krabtiz.
- « Et pourquoi vous les laissez faire, si ça bouffe tout ? Si ce n'est pas bon pour vous ? » demande Landditsy.
- « Comment ça se reproduit, ces trucs-là ? » interroge Patrick.
- « Non, ce n'est pas bon : il n'y a pas d'âme et nous ne nous nourrissons que d'âmes. Ça ne se reproduit pas. Ça s'effrite, ça s'agglomère et ça échange des électrons à l'approche d'une source d'énergie. À partir de là, ça mange les étoiles et les planètes en en puisant l'énergie et ça se disperse pour aller recommencer ailleurs.
- Bordel ! La matière noire ! » fis-je. « Et ça a l'aspect d'une poussière noire ?
- Exactement ! » répondit Michel.
- « Je connais en effet. Et si nous nous sommes rencontrés quelque part, Edgor machin et moi, maintenant il doit pouvoir se rappeler dans quelles conditions !
- Oui ! Absolument ! Dans un nuage de poussière noire ! Mais jamais je n'ai pensé que ça pouvait se manger.
- Mais vous racontez quoi, tous les deux ?  » questionna Landditsy.
- Que le monde dans lequel nous nous sommes déjà croisés, Edgor et moi, il finissait, envahi de poussière noire. J'étais aussi avec une sorte de savant, issu vraisemblablement d'un autre avenir de l'humanité, qui regardait les étoiles autour de nous dans l'espoir d'apercevoir un vaisseau de la flotte des terriens, de la légion et voyait s'éteindre les étoiles tous les soirs, pour un bon quart du ciel, sans comprendre comment. » 

L'amiral s'esclaffe alors à gorge déployée.
- « Je sais ! Cette histoire est dans tous les manuels top secret des chefs de bords. On a même des ordres !
- Bé applique-les amiral !
- Des bobards, t'ai-je déjà dit, comme les histoires d'antan sur la traversée de la mer rouge par les hébreux, ou les douze travaux d'hercule ! Tu me fais rire !
- Applique tes ordres. Ils ont des raisons d'être : la preuve, puisqu'on est en plein de dedans !
- Arrête Cortinco ! D'abord, je ne les ai jamais lus dans le détail, ensuite rien ne me dit que tu n'es pas tout simplement un sortilège de cet empaffé qui nous gêne sur le moment. Mais je vais trouver la solution : quitte à nous saborder, je ne vais pas rester indéfiniment immobile et coincé à me creuser la cervelle pour rien... » 

Deuxième opportunité gâchée ! 

Ch. Caré-Lebel