Un
monde sans dessus-dessous !
J’apprends, avec retard dû à mes pérégrinations
erratiques du moment, que tout le monde vit à l’heure brésilienne et que le « VIX »,
le célèbre « indice de la peur et de
l'avidité » culmine à 92 (sur une échelle de 100) contre 78 à la
veille de la conférence de la BCE de jeudi dernier.
Un score supérieur à 92 n'a jamais été observé qu'à
deux reprises depuis le début du XXIème siècle : En octobre 2007, et
en mars 2012.
Il avait alors culminé à 94, égalant le précédent
record de mai… 1987 !
Notez que lors de ces trois culminations historiques,
la participation du grand public avait été massive et ces records s'appuyaient
sur des flux d'investissement colossaux de la part des particuliers.
Là, on ne sait pas trop encore…
Mais ils sont attendus par « les pros » qui
font miroiter comme à chaque fois, des espérances de gains phénoménaux… sans
rien faire que de « faire confiance ».
Autre invraisemblance : Le rendement des
obligations Espagnoles à 10 ans (2,57 %) est tombé lundi sous celui des bons du
Trésor américain (2,62 %).
Autrement dit, le « BBB – ibérique » se paye
plus cher que du « AAA – made in USA », tellement tout le monde en
veut pour se libérer du Dollar et « prendre » de l’Euro.
Des « junk bonds » (titres d'émetteurs
privés réputés « pourris » pour avoir un risque de défaut élevé, voire
sous les feux d’une imminente « restructuration »), se négocient avec
5 % de rendement, c'est-à-dire avec une rémunération moindre que celle des
subprimes quand leur notation était au zénith…
Autrement dit, du « B – » ou du « CCC »
d'aujourd'hui rapporte moins que du « AA » d'il y a sept ans…
Et les rendements amorcent une nouvelle phase de chute
libre depuis jeudi dernier.
Que se passe-t-il ? C’est Draghi, celui dont vous
retrouverez la signature sur vos billets de banques libellés en Euro, qui
garantit sa valeur…
Il se fait payer pour garder le pognon des banques et
en assurer la contre-valeur et ne prête désormais qu’à des taux ridicules quand
les mêmes se refinancent.
La BCE a transformé le plomb en or, et cela se ressent
également dans le vocabulaire des investisseurs : Ils n'achètent plus une « créance
pourrie » mais une « dette en cours de réhabilitation ».
De même, ils ne parlent plus d'une action qui se paye
50 fois les bénéfices… mais d'un titre dont le « cours se situe en-deçà de
son potentiel d'appréciation » à moyen terme.
Ils en disent qu'elle a de « l'upside ».
Les investisseurs invités par les medias financiers
n'achètent plus des « actions » ou des « dossiers prometteurs »,
ils achètent désormais « du risque ».
Attention, le « risque », ce n’est pas pour
eux, mais bien pour vous.
Ils remettent « du risque » dans leurs
portefeuilles, c'est-à-dire dans les OPCVM que vous détenez…
Techniquement, ils en disent qu’ils augmentent leur
exposition sur les valeurs « à fort beta », des PER de 35, soit 35 années
de dividendes, ce qui va vous faire plaisir quand les fonds de pension
américains exigeaient encore du CAC 40 de sortir pas plus de 15 (voir 10) à la
fin du dernier millénaire pour assurer le service des pensions des retraités…
Nombre d’entreprises de la côte n’ont pas pu assumer
le renouvellement de leurs équipements et savoir-faire à ce prix-là.
Certains en analysent qu’ils jouent un « écrasement
de la volatilité » appelé à se poursuivre inexorablement selon la
stratégie de « plus de levier », parce que plus de gain à espérer et plus
aucune position de repli dans un avenir prévisible.
« Fonce
tout droit, cette fille-là n’est pas pour toi ! »
Le parallèle est fameux : Il y a un
demi-millénaire, le haut clergé de la finance aurait vendu non pas du « risque »,
mais des « indulgences » qui consistait à plumer les fidèles crédules
en leur faisant croire, à l'approche de leur trépas inexorable, que des dons en
espèces à l'Église-romaine et apostolique rachetaient leurs péchés.
Aujourd'hui, ils se projettent dans un au-delà de
prospérité par la grâce de la protection divine des banques centrales.
Elle va leur permettre de traverser les flammes de
l'enfer, de la déflation, de la paupérisation générale, de l'écrasement des marges,
sans même que cela fasse rougir leurs délicates fesses.
Une confiance qui s'appuie sur l'air du temps et se
traduit par une culmination du « VIX », qui appelle les « fidèles »,
le grand public, à massivement souscrire !
À se « ressourcer » et du coup refinancer
par des flux d'investissement colossaux de la part des particuliers, l’absence
de capitaux investis de façon rentable, encapsulés par des réglementations
protectrices de l’épargne des « petits-porteurs ».
Avouez qu’on marche bien sur la tête, puisque du coup,
il faut placer du « risque » pour éviter la noyade du moteur bancaire…
Le marché se résume à l'intervention de quelques
centaines d'acheteurs : De richissimes « family offices », des « fonds
souverains », des banques d'investissement équipées de super-robots. Ils
jouent tous la même partition soumis à la baguette des banques centrales.
Il n'y a plus de contrepartie solvable : Les « big
players » sont condamnés à se revendre entre eux des milliers de milliards
d'actifs gonflés aux stéroïdes, dans le cadre d'une fuite en avant où aucune
correction ne peut plus être tolérée.
Tous les initiés savent que « l'effet richesse »
ne fonctionne pas et que les fausses liquidités ne se diffusent pas dans
l'économie réelle, mais débouchent tôt ou tard sur une hyperinflation des
actions et des dettes souveraines.
Et c’est le cas depuis des semaines.
Ce à quoi nous assistons depuis le début de la crise
de la dette-publique, avec la formations de bulles prêtes à exploser :
Tous les indices boursiers sont « au vert » sur les marchés d’actions
depuis quelques temps.
De quoi attirer le chaland de béotien…
La part des actifs financiers détenus par des
investisseurs particuliers aux États-Unis (en direct ou au travers d'OPCVM ou
de fonds de retraite) est tombée à 37 %, au plus bas depuis le milieu des
années 70.
Il faut retourner ça, aller les plumer pour se
refaire.
Les quelques milliers de riches et d’ultra-riches de
la planète possèdent plus de 63 % du stock et ont poussé les valorisations vers
des niveaux stratosphériques : Qui souhaite les en soulager à ce prix, faute de
moyen ?
Pas les banquiers.
Du coup, les uns et les autres font monter les indices
et proposent au « chaland de béotien » de participer à l’orgie.
Car on entend aussi de plus en plus fréquemment qu'à
force de voir les cours ne plus jamais rebaisser, les épargnants non-avertis
finiront par venir miser leurs économies dans ce casino « où l'on gagne à
tous les coups »…
Là, ce sera le signe de la fin de la hausse :
Quand le pigeon aura été hameçonné, on lui fera cracher ses tripes et son
épargne…
Et plus il s’arrache des valeurs-pourries présentées
comme une aubaine, sur des devises-refuges réputées solides, plus vous pouvez
être sûr que la pêche aux pigeons sera bonne, avant le retournement à en attendre.
On en est à la mi-juin…
L’automne qui va arriver, après les plages et son
soleil, ne laissera pas tomber que les feuilles des marronniers (toujours en
avance sur la saison).
C’est le dernier moment pour acheter vite de la
pierre, des terrains, des « petits-lots », des boîtes de conserve, de
la farine du sucre et de l’huile : Ça se conserve facilement et ça peut
être plus utile que les prochaines faillites de « papier » à venir après
l’explosion des bulles financières…
À suivre de très près cet été.
Au moins, vous aurez été prévenus, même si aucune « prévision »
n’est jamais certaine, comme la dernière émise « ailleurs » sur le « présage
d’Hindenburg », qui en avril 2013 annonçait un « krach-boursier »
dans les 36 jours de bourse suivants.
Cette année-là, la crise « prévue » a été
particulièrement bien gérée par tous les acteurs aux aguets et a fait mentir le
présage.
Cet été, ce sont à peu près les mêmes acteurs qui ont,
cette fois-ci, un besoin urgent de se défausser de leurs non-valeurs.
À vous d’en tirer le meilleur, SVP…
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