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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

dimanche 14 juin 2015

Au nom du père (Chapitre XXVII ; Tome I)

Recoupements

Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. 
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite ! 
 
« Celui-là, on l’a chopé en haut de sa rue. Il était en voiture et comme on savait que c’était un gars sur ses gardes, on a utilisé son pote architecte en couverture. Une belle salope, celui-là… » 
Le cœur des deux « écoutants » s’emballent ! 
« Je vais vous dire » continue l’autre. « Alain Parepoux, je me souviens, c’était le « meilleur ami » du juge, depuis le lycée. Mais aussi celui qui le faisait cocu. On avait des photos assez compromettantes sur lui pour qu’il accepte de nous accompagner sur le lieu d’interception. 
Il a arrêté la voiture du juge en haut de la rue, un tournant assez serré. Pour lui causer. 
Ils n’en ont pas eu le temps. Pasqual était déjà dans le véhicule, entré par la porte du passager. Un atemi sur la pomme d’Adam, un autre à la nuque pour un coup du lapin bien senti et la voiture a été poussée dans la descente. 
Les flics n’ont rien vu tellement la bagnole était amochée contre le parapet, en bas. 
Quant à Parepoux, on pensait qu’il aurait été inquiété après qu’on l’ait ramené chez lui à Villers-sur-Mer. Mais même pas ! » 
Qu’est-ce qu’il est devenu ? 
Il n’en sait rien. 
Et pourquoi ce juge ? Comment ont-ils fait pour convaincre l’autre de participer et puis de se taire ? 
« Pour se taire, ça, il pouvait. Il devait même ! On lui a bien fait comprendre que s’il bavait, non seulement on diffusait les photos, mais qu’en plus il serait le premier inquiété pour avoir fait les beaux jours de l’épouse dans l’arrière-boutique de sa pharmacie. »
C’est quoi ces photos ? 
 
« Ah là-là, ma petite dame. Vous êtes bien ignorante ! Qu’est-ce que j’ai en échange de ce renseignement ? Inspecteur, vous avez toujours votre fiasque de Calvados, sur vous ? Un petit gorgeon, ça ne se refuse pas à un agonisant ! » 
Scorff regarde sa juge, complètement atterré. Et puis il sort finalement de son étui à pistolet réglementaire le flacon qui remplace habituellement et sauf exception, son arme de service… 
Les yeux effarés de Trois-Dom ! 
« Il est à vous… après ! » 
« Décidément… Jamais rien de gratuit, jamais un seul geste de compassion, dans la police, même si ça la rendrait plus humaine ! » 
Alors ? 
« Je vais vous dire : les deux choses sont liées. À l’époque, on faisait chauffeur de nuit, aussi. Le boulot consistait à aller chercher quelques pensionnaires de la prison pour femmes du coin, de les emmener dans une des grandes maisons où se réunissaient des « messieurs de la haute » pour quelques « parties-fines » et dénudées de jambes en l’air. Et puis une fois leurs petites affaires terminées, les filles rincées, on les rhabillait et on les rentrait à leur bercail carcéral. 
Bon, il est vrai que de temps-en-temps, y’en a qui finissaient sur la table de dissection de la clinique. On rapatriait alors le macchabée le lendemain, une fois recousu.
Ne m’en demandez pas plus, on ne participait pas, on gardait les abords Pasqual et moi, même si l’envie ne manquait pas de quelques faveurs de ces dames, bien qu’elles ne soient pas pour notre usage… » 
Et le voilà qui repart à rire de plus belle… 
Et puis ? 
« Et puis, lesdites photos avaient manifestement été prises à un ou plusieurs de ces moments-là. Les femmes étaient masquées, nues, entièrement nues, mais masquées. Beaucoup d’hommes aussi, mais pas notre crapule qui était à visage découvert, en tout cas sur celles en notre possession. Manifestement, des photos volées. 
Vous imaginez que quand on les lui a mises sous le nez, il a d’abord prétendu que c’était des photomontages. Et quand on lui a promis que les négatifs seraient en possession des laboratoires de polices après un passage par la presse s’il ne nous accompagnait pas, il n’a pas hésité plus de deux secondes… D’autant qu’on lui avait fait croire que nous avions juste un « message » à faire passer à son ami d’enfance. »
Pourquoi le juge de Bréveuil ? 
« Un « fouille-merde », je vous ai dit, qui avait déjà commencé en douce une enquête sur nos belles disséquées… Ce qu’il ne savait pas, c’est que sa hiérarchie faisait partie des « parties-fines » de ces soirées spéciales. Et qu’ils avaient compris ce qu’il préparait dans leur dos, jusqu’à lui mettre un espion directement dans son bureau. 
Trop gênant, le bonhomme. C’est d’ailleurs à la suite de cette affaire-là qu’on a commencé à aller chercher du « donneur volontaire » ailleurs que dans la taule voisine, jusque dans toute la province, avec nos ambulances ! » 
Cette raclure mérite son Calvados… 
« Mon royaume pour un plat de lentille… » ? 
Scorff lui laisse volontiers : il ne pourrait de toute façon pas partager ses restes, bus directement au goulot. 
 
« On a mis le doigt dans une chose qui nous dépasse tous les deux, Madame la juge » fait Scorff en sortant, la nausée au bord des lèvres. « Est-il utile d’aller jusqu’à Montpellier ? » 
Non, pas vraiment. Il vaut mieux remonter à Paris et vérifier ce qui peut l’être encore. 
« Monsieur le Directeur, je ne sais pas ce qui me désole le plus. Si c’est de savoir que vous n’êtes pas armé. Moi qui me croyais en sécurité en votre compagnie… Je suis très déçue. 
Ou si c’est de laisser autant d’individus, prompts au « meurtre par procuration », ayant vraiment si peu de sens moral, encore en vie sur nos trottoirs ou à encombrer nos lits d’hôpitaux ! 
On rentre à Paris. 
C’est véritablement un monstre qui va mourant, ce type-là. » 
Vérifier, peut-être, mais il y a plus important pour l’heure : « Maintenant qu’on sait les liens entre Risle et les Liamone, vous me cuisinez le fils. On se lance aussi sur la piste de ce « Frank » et de ce Parepoux. 
Si l’équipe de Lille, et donc les autres, sont du fait de ce colonel, le procédé du « meurtre par procuration » me paraît tout-à-fait d’actualité pour les quelques-uns de la « liste des mille », vous ne devriez pas avoir trop de mal à l’identifier en faisant parler le fils.
Et il y a urgence ! » 
Elle a parfaitement raison. 
« Bien raisonné, Madame la juge ! » se contente-t-il de confirmer.
 
Liamone, le fils, il nie d’abord. Tout et en bloc : il n’explique pas son empreinte dans une carcasse brûlée. L’explication est peut-être, et au mieux, dans les livres d’inventaire de sa boutique, mais ils ne sont pas à jour tout le temps. 
En revanche, dès que le Directeur des services se pointe auprès de ces hommes, le ton change. 
« Je vais te dire, mon bonhomme, si dans un quart d’heure je ne sais pas ce que je veux savoir, je te refile à la sécurité militaire. Parce que eux, ils ont les moyens de faire parler même les cadavres. Tu verras. » 
Qu’est-ce que c’est que cette embrouille ? 
« C’est très simple… Toi, tu fournis des véhicules à des gens peu recommandables. C’est ton métier… » 
« Je proteste ! Mon commerce est régulier, vérifié par les keufs et je collabore régulièrement avec les gendarmes, vous n’avez pas le droit… » 
« Ne te fatigue pas : je sais. Tu fournis le colonel Frank. Or, celui-ci est impliqué dans une affaire qui n’est plus de mon ressort, mais celui d’un complot contre la République. Je te refile aux services secrets de l’armée… » 
À l’énoncé du nom de « Frank », le quinqua se raidit et se tait, tétanisé.
« Je compte jusqu’à trois ! » 
Un. 
Deux. 
Trois. 
« Vous autres, dégagez-moi cette ordure de ma vue. Direction la piscine ! » 
Pas inquiets, les collaborateurs du Directeur : manifestement il est de mauvaise humeur, ou en manque de sa dose de gnôle. 
Mais ils s’exécutent, sans poser de question sur l’endroit supposé de la piscine : normalement, ça désigne leurs propres locaux… 
« Non laissez-moi ! Vous n’avez pas le droit ! » 
« Je m’en fous ! Trop tard : tu ne réfléchis pas assez vite et je n’ai pas le temps à perdre à négocier avec toi ! Complice d’une entreprise terroriste contre l’État, on n’est pas près de te revoir ! » 
« Je connais peut-être un Frank. Mais je ne sais pas si c’est un colonel », fait-il pour se dédouaner d’avoir gardé le silence… 
 
Au bout de 10 minutes, effectivement, il avoue fournir depuis des années des voitures maquillées aux équipes d’un « Frank », mais il ne sait pas ce qu’ils en font. Il n’a jamais pu établir un quelconque lien avec des faits divers qui jonchent l’actualité. 
« Un type réglo, qui paye comptant. » 
Il peut le décrire, en faire faire même un portrait-robot, s’ils veulent. 
« Bien ! Alors ça redevient du ressort de droit commun. Celui d’assassinats. Sais-tu ce qu’il en fait de tes voitures ? Je vais te le dire, moi, si tu me dis que par hasard, qu’il a une préférence pour les ambulances. » 
Non pas : deux voitures et une camionnette, à chaque fois, une à deux fois par semaine. Sauf dernièrement : pas de camionnette. 
Oui, une 607 à défaut d’une Audi ou d’une Mercédès, plus un Range-Rover, il y a à peine six jours. Depuis, plus rien. 
« Bé tu vois quand tu veux… Tu sais pour qui il travaille ? » 
Non. En solo avec sa bande, toujours les trois mêmes. Portrait-robot… 
« Risle, ça ne te dit rien ? »
Non. 
« Bé si forcément. Ton père et ton oncle ont travaillé durant des années avec lui. Et tu sais pourquoi on sait ça ? Parce que Frank aussi travaille pour Risle. Alors forcément, ça te dit. Nécessairement. » 
Non, enfin oui… « J’ai entendu ce nom-là une fois où deux dans leurs conversations. Mais il y a longtemps. Et je ne savais pas pour mon père ! » 
Menteur : « Il t’en a forcément parlé, au moins au début, quand tu aidais ton père et ton oncle à la casse, dès les années 80. Je le sais, « on » me l’a affirmé pas plus tard que ce matin ! »
 
Au soir, Hélène Trois-Dom n’en peut plus. 
« Reconnaissez, Scorff, que la petite Charlotte, pour « une amatrice », elle a le nez fin. Je crois qu’il est grand temps de mettre au parfum notre homme d’Aubenas. Qu’en pensez-vous ? » 
Le nez fin, il ne sait pas, mais qui bouge quand elle parle, sûrement, se souvient-il. 
Qu’ils viennent dans leurs locaux, « on verra bien leurs réactions. » 
Le lendemain, le Préfet de police, qui a lu les rapports de la matinée, veut absolument faire une déclaration à la presse. 
« Ça soulagera l’Élysée, l’opinion publique et mettra peut-être un terme à ces massacres à la balle en uranium. » 
Qu’il n’en fasse surtout rien tant qu’on n’a pas identifié ce Frank. « Je comprends bien votre souci de rassurez les autorités jusqu’au plus haut niveau, Monsieur le Préfet. Mais si vous désignez du doigt ces gens, ils pourraient s’affoler et passer à un « niveau-supérieur » quant aux choix des cibles. » 
Vous croyez ? 
Se sentant proche de l’hallali, c’est parfaitement probable. « Nous n’avons pas la moindre idée de leur mobile ! »
Les transplantations, non ? 
« Il n’y en a pas eu sur toutes les victimes. Et puis on n’explique pas encore la disparition en mer de l’avocat. Cette fois-ci, ce ne sont pas ses organes qu’ils cherchaient, mais autre chose qu’on ignore encore. » 
Mais ce professeur Risle, derrière tout ça ? 
« Un bonhomme dont on épluche la liste des clients et le pedigree. Il est possible qu’il ait soigné des personnages augustes, ou dans leurs entourages. C’est dire s’il peut avoir le bras long ! » 
Sans compter le scandale si cette affaire de trafic d’organes éclate sur la place publique ! 
« Pire que ça, Monsieur le Préfet : il s’agit d’abord de meurtres. On arracherait aux gens encore vivant leurs organes pour des malades fortunés… Et depuis des années. Vous imaginez l’opprobre bien naturel de l’opinion publique à notre encontre ? » 
La suspicion à l’égard de tout le corps médical, les réactions des ordres de chirurgiens, des directeurs d’hôpitaux, « de la sécurité sociale qui finance des meurtres ! » 
Il ne veut même pas imaginer, en effet. 
« Une petite annonce du ministre, non ? » 
Qu’il l’empêche absolument. « Encore quelques jours. Les gens partent en vacances, la saison va se terminer sans garden-party au palais présidentiel à cause de la crise. Vous n’allez pas en plus les inquiéter pour leurs organes sur les routes, Monsieur le Préfet. »
Pas totalement idiot, finalement… 
Et ce sénateur, ces histoires abominables de prison ? 
« Là encore, je me tairais pour le moment, Monsieur le Préfet. Vous n’allez quand même pas prendre sous votre responsabilité d’allumer un incendie jusqu’au Palais Médicis. Il sera toujours temps… en son temps ! »
 
Le surlendemain matin, Charlotte, Aurélie et Paul, les trois associés de de « Cap Investigation » sont dans le bureau de Madame le Juge Trois-Dom, accompagnée de sa greffière et du Directeur Scorff, qui est le dernier arrivé, mais pas le dernier à loucher sur la plastique « molle » et sensuelle d’Aurélie. 
« Merci d’être là tous les trois. Grâce à vous, nous avons beaucoup progressé dans cette enquête de folie. Je voulais te le dire, Charlotte. Paul nous a expliqué tes déductions et nous avons failli toucher au but grâce à toi. 
Merci. » 
Le tutoiement, devant Aurélie, tous ces hauts-personnages, les remerciements, tout ça fait rougir Charlotte qui va jusqu’à en tressauter de frémissements de la poitrine, qu’elle a fort volumineuse… 
Et ça se voit. 
À en étonner Scorff, qui en a pourtant vu d’autres ! 
« Voilà : nous sommes maintenant pratiquement sûrs que la « liste des mille » a un rapport direct avec un certain professeur Risle, comme vous le présumiez audacieusement. 
Il s’agit d’un commando qui travaille pour la fondation du même nom que dirige votre belle-sœur, comme vous nous l’aviez indiqué. 
Les basses-œuvres semblent être le fait d’un certain Frank. Voici sa fiche. Ancien sergent de la Légion étrangère, d’origine serbe, recyclé dans le meurtre « à vocation humanitaire », puisque c’est lui qui organise, au moins en France, la collecte d’organes à transplanter pour le réseau de la fondation. 
Je vous ai mis dans ce dossier, sa photo et la liste des instituts liés à la fondation de Risle à l’étranger, ainsi que les noms des administrateurs et dirigeants de cette organisation internationale. Réputée être une OGN, pour être précise… » 
Elle poursuit : « Pour être claire, nous ne détenons qu'une seule personne et je n’ai émis aucun autre mandat d’arrêt concernant ces personnages-là… pour l’instant. J’ai besoin d’idées pour recueillir quelques preuves de qualité pénale pour mettre fin à leurs agissements. C’est aussi pourquoi vous êtes là, pour une fois que la collaboration de « privés » fonctionne assez bien pour la recherche de la Vérité, dont se nourrit la Justice… » 
Trop drôle, le laïus pas tout-à-fait conforme à son vécu, pense Charlotte pour elle-même. 
Pensée partagée par Paul, alors qu’Aurélie a l’air de débarquer d’une autre planète.
 
« Pour être complète, je précise que nous connaissons désormais un peu mieux les circonstances de la disparition de votre père, Monsieur De Bréveuil. Mieux que celles de votre frère, d’ailleurs. J’ose espérer que nous y reviendrons en temps utiles. » 
Le vouvoiement à l’adresse de son amant sonne plus juste que le tutoiement à son ex-maîtresse… 
Un appel du pied appuyé à l’adresse de Charlotte ? 
« De quoi s’agit-il dont je ne suis pas au courant ? » 
Vérifications faites, son père enquêtait effectivement et déjà sur des « morts suspectes » ayant eu lieu dans la centrale pour femme du ressort de la Cour d’Appel de Normandie. 
Il y a tout lieu de croire qu’il a été exécuté par les frères Liamone, sur ordre du professeur Risle, mais nous n’en avons pas encore la preuve formelle. Juste des aveux d’un des deux frères, qui n’ont pas de valeur juridique. 
« Des aveux sans valeur juridique ? Le jeu de la prescription, je suppose ! », s’étonne Paul. 
Exactement. Il est agonisant. Il parle facilement. Comme d’une revanche sur son sort actuel. 
« Vous pouvez être fier de votre père : il œuvrait déjà dans l’ombre pour le bien de son institution. J’espère avoir d’autres confirmations sous peu, par le biais de témoin de l’époque… » 
Le Sénateur Lacuistre ? 
« Il est intouchable, pour les mêmes raisons de prescription, d’abord. Ensuite, la décision, forcément politique, de « gratter » sur son passé n’est pas encore acquise au ministère. Vous comprenez, j’espère : dans une affaire « sensible », on arme les airbags et les parachutes-automatiques. Mais on travaille déjà à rassembler assez d’éléments pour contraindre cette personne aux aveux, elle aussi. »
Il comprend. 
Et la « liste des mille » alors ? 
« Il nous manque la clé de voûte : le mobile qui à mon sens participe d’un plan finement élaboré. Mais on en ignore les objectifs. » 
C’est assez simple pourtant. Charlotte explique : « En fait, je me suis posée la question de savoir pourquoi on retrouvait autant de délires sur le site officiel de ce sénateur-là. En fait, tout revient à la loi « Bioéthique » où il a franchement un discours parfaitement en contradiction avec ses convictions affichées. C’est là qu’est le « nœud » ! »
Qu’elle explique ! 
 
« Comment être à la fois pour un retour aux valeurs de la France éternelle, catho pur-jus, ancien régime et tout et tout, retour à la peine de mort, retour au franc-Pinay, retour de la majorité à 21 ans, retour de l’interdiction de l’avortement, du divorce, dissolution du planning-familiale, interdiction de la pilule, des OGM, homophobie, etc. etc. et être en même temps pour le progrès, la recherche sur les cellules-souches, pour les travaux sur l’embryon et le génotype humain ? 
Si ce n’est pas un grand-écart, qu’est-ce donc sinon un « retour d’ascenseur » à l’adresse de Risle ? 
Et pourquoi donc ? 
Eh bien tout simplement parce qu’il n’a pas oublié qui l’a fait roi et pour qui il roule lui aussi. 
Lacuistre, c’est le « politique » de Risle, tout simplement. » 
Un peu « rustre » et simplet mais pas totalement idiot. 
« Pas l’ombre d’une preuve ! » réplique Scorff resté silencieux jusque-là, louchant entre la poitrine frémissante du nez-qui-bouge de Charlotte et la lascive et géante Aurélie, qui le toisait d’au moins deux têtes, rendue « toute molle » et avachie par la présence de « Trois-Dom ». 
« On sait qu’ils se connaissaient depuis leur voisinage en Normandie. Mais depuis, on n’a pas la moindre trace d’autres contacts. Encore moins d’une complicité. » 
Charlotte veut réagir. Elle en est empêchée par Paul qui l’arrête en lui tenant le bras. 
« De toute façon, ma religion est faite. Je pars pour Montréal rencontrer ce fameux professeur Risle. Je suis censé devenir un des administrateurs de sa fondation le week-end prochain : J’en ai accepté le principe, pour voir. De l’intérieur j’en apprendrais plus qu’ici. » 
Les deux femmes se coupent presque la parole : « Tu/Vous, ne vas/n’allez pas, faire ça ! » 
Si ! 
« Qu’est-ce que j’ai à perdre ? Rencontrer les responsables de la mort de mon père, de la disparition de mon frère, et si par hasard je croise ce Frank, vous pensez bien que je ne vais pas rater cette occasion de leur mettre le nez dans leur caca ! » 
Au mieux, il les estourbit lui-même « J’ai déjà effacé des cibles ! ». Au pire il secoue l’arbre « et vous n’aurez plus qu’à récolter les fruits qui en seront tombés. » 
C’est décidé et c’est ce qu’il y a de plus efficace et de plus rapide. 
« Méfiez-vous : au Canada, vous n’êtes plus sous ma juridiction. On ne vous sera d’aucune utilité ! » fait le Directeur Scorff… 
« Je comprends, Monsieur De Bréveuil, » fait la juge Trois-dom. « Mais c’est un peu se jeter dans la gueule du loup, ne trouvez-vous pas ? » 
Et alors ? Il en a vu d’autres. « Je rappelle que c’est mon frère qui était sur la liste. Pas moi. Je ne crains donc rien pour le moment, d’autant que s’ils avaient voulu m’éliminer, ils en ont eu l’occasion des dizaines de fois. Non, je crois que c’est la seule bonne idée, au contraire ! » 
 
Alors, si sa décision est irrévocable, deux questions avant de se séparer. « Alain Parepoux, ça vous dit quelque-chose ? » 
Oui ! Un ami assidu de ses parents, de l’époque de Trouville-sur-Mer. « On le voyait souvent à la maison. Même un peu après la mort de mon père. Et puis, du jour au lendemain, plus rien. Je crois qu’il est parti pour la Réunion. Pourquoi cette question ? »
« Parce que nous supposons qu’il a participé à l’attentat contre votre père. » 
Comment ça ? 
Et la juge de raconter le détail des aveux de Liamone, en le citant, mais en omettant de rapporter la supposée infidélité de sa mère. 
« Deuxième et dernière question : votre frère, vous l’avez mis à l’abri où ? »

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