Épousailles
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Paul poursuit : « En accélération,
c’est le pilote automatique qui ne va pas assez vite et vous colle en voile
noir. En décélération, c’est l’inverse : Il vous envoie en voile rouge à
vouloir descendre trop vite. Et les combinaisons anti-G n’y font rien. Mon
premier pilote a failli se tuer avec cet engin. Pourtant un expérimenté de
l’armée de l’air. »
Il faudra qu’il y songe. Peut-être une inversion des sièges passagers ?
« Personnellement, mais ça ne vaut
que pour l’équipage au poste de pilotage, je verrais bien tout le poste pivoter
sur son axe d’avancement. Mais tant qu’à faire, comme sur le « 002 » il s’agira
de voler essentiellement sur le ventre, et parce que je veux éviter les «
cassures » dans la continuité de la protection thermique avec les portes du
train d’atterrissage, forcément que je le mettrais sur le dos à l’atterrissage.
Donc ça forcera à piloter à l’envers
pendant les phases proches du sol. »
C’est vous qui êtes fêlés !
« Vous faites ça comment ? »
En faisant pivoter le poste de pilotage, et pourquoi pas toute la cabine
d’éventuels passagers, en rotation sur l’axe d’avancement.
« Tout simplement ! »
Et la visibilité du sol ?
« Assurée par des écrans plats et
des caméras « cheapest » placées sur les parties froides en avant et sur les
côtés, juste derrière les protections thermiques. J’en ai d’ailleurs une bonne
dizaine dans le coffre de ma voiture pour les tester ! »
Une bonne idée : « Je retiens pour
ma part l’idée de retourner les sièges de mes passagers. Peut-être que vous
accepteriez de me montrer votre prototype, voire même de faire quelques
embardées dessus : J’ai mon brevet de pilote ! »
Paul n’est plus le patron de l’usine. S’il a racheté le prototype avec ses
indemnités de départ, celui-ci est consigné au sol jusqu’à nouvel ordre.
« Je cherche même du travail,
actuellement. Si vous embauchez dans votre boutique, peut-être que… j’y
réfléchirai, d’autant que je suis en principe un détaché de votre maison-mère !
»
Ce qui était l’idée de Beauty au démarrage. Mais là, il est un peu moins
chaud après ce premier entretien : Le gugusse le dépasse largement de la tête
et des épaules. Un solide concurrent dont il fallait peser le pour et le contre
que de le faire rentrer dans la bergerie : Paul pouvait lui ravir son poste en
si peu de temps, que s’en est redoutable !
« J’y réfléchirai ! » promet-il.
« De toute façon, moi aussi. Je
n’aime pas du tout la façon dont on est accueilli au siège de la maison-mère !
» lâche-t-il en prenant congé.
Il garde une dent contre Barbara, la garce des RH du siège.
Du mariage de Collette Morthe de l'Argentière, l’une des filles du
vice-Amiral du même nom, chef d’État-major adjoint de la marine, Paul n’en a
rien à faire : Collette n’est ni une « ex » ni une « future », il ne la connaît
même pas !
En revanche, Gustave Morthe de l'Argentière, c’était son « big-boss » du
temps où il était encore pilote des forces aéronavales françaises, au large des
côtes Afghanes et pakistanaises, où il s’était rendu célèbre sous le nom de sa
patrouille, « Charlotte », qui avait pu sauver un pilote de l’US-Air-Force en
désobéissant aux ordres émanant du PC volant qu’était l’Awacs couvrant la
mission, ordres relayés du « Bateau-Lavoir », le PAN CDG.
Et « l’amiral Gustave », c’est lui qui avait sanctionné Paul des arrêts de
rigueur, pour avoir utilisé « le feux des armes de la République » sans
autorisation.
Car, suite à ses « arrêts de rigueur », passés pour partie à bord, puis
dans le Haut-var, commués ensuite en «
affectation » au diable Vauvert, qui avaient failli le faire mourir d’ennui,
Paul en avait donné sa démission sitôt « son temps » fait, absolument écœuré de
sa vie sous l’uniforme : Il aurait pourtant bien voulu en rempiler pour 5 ans,
mais pas dans les conditions qu’il présumait.
Et puis la vie a passé et il a fait autre chose de tout aussi passionnant,
par moment seulement, il est vrai.
L’invitation a donc un aspect incongru d’autant que le petit mot manuscrit
sur le carton ne laisse aucun doute : Il est attendu.
Paul s’auto-exempte de cérémonie religieuse : De toute façon, il quitte
Toulouse en début de matinée après avoir flâné juste un peu dans la ville-rose
dans l’après-midi de la veille pour se détendre de son entretien… « nerveux »
avec Beauty. Les deux hommes se sont jaugés mutuellement pour se convaincre
qu’il n’est pas certain qu’une « collaboration » soit souhaitable pour leurs
agendas réciproques.
Et la chasse à la « cuisse légère » de la soirée n’a pas été à la hauteur
espérée : Il a dormi seul, pour une fois !
Et c’est « reposant », finalement… Il ne s’en souvenait plus.
Pour débarquer au GPS avec son diesel crotté dans les jardins d’une
superbe maison de famille, style « restauration-ravaudée », à l’immense pelouse
qui accueille bien un demi-millier de personnes autour des buffets gigantesques
sous un ciel « aléatoire ».
Les mariés font l’accueil. Lui, deux barrettes, uniforme de marin, sec,
fin, longiligne, la poignée de main qui se veut virile, le sourire carnassier
qui lui barre le bas du visage fraîchement imberbe.
Elle, une « grosse », petite, moche, myope, le cheveu indécis sous son
bibi tout blanc comme sa robe fort jolie, qui bécote comme du pain béni
absolument tout le monde ne manquant pas d’envoyer à Paul un coup de sein quand
il se redresse, le sourire éclatant de sa joie d’avoir pu trouver « chaussure à
son pied »… qu’on espère nombreux : L’affaire n’était pourtant pas gagnée, de
prime abord ! Il fallait vraiment qu’elle tombe sur un type aillant un mauvais
goût assumé pour son genre de beauté, et qu’elle lui fasse des « trucs » qu’il
ne connaissait pas pour le garder, imagine Paul…
À peine débarrassé du nouveau-couple, à la recherche des quelques têtes
connues juchées sous leurs uniformes d’apparat, il se fait accoster par une
petite-minette d’allure assez sympa, la vingtaine un peu dépassée, un peu
beurette sur les bords, des formes « souples & molles » placées là où il
faut, des yeux couleur myosotis, l’air gracile et pétillante.
« Nathalie ! Vous n’êtes pas
antisémite, au moins ? »
En voilà une façon parfaitement improbable de draguer !
« Et vous n’avez rien contre les
buveurs de bière, mangeurs d’ail, amateurs de fromage fort et goy par-dessus le
marché, suppose-je ? »
Quelle réplique…
« Non pourquoi ? » Et puis elle
comprend la « finesse » de la réponse à sa question idiote.
Parce que tout peut être alors envisageable.
« Je vais vous dire. Je suis une
amie d’une amie de la mariée. La fille que vous voyez là-bas, Marie-Claire !
»
Des « filles-là-bas », y’en a quantité.
« La rousse ! » … Pas facile. Et
alors ?
« Nous avons parié toutes les deux à
celle qui sortira la première un bel homme aujourd’hui. Je ne vous choque pas
au moins, parce que vous me paraissez tout-à-fait approprié ! »
C’est donc bien un plan-drague : Parfaitement invraisemblable, et pourtant
!
Paul pense à se présenter : « Paul
de Bréveuil pour vous servir, jolie Nathalie. Mais en fait, je ne suis pas venu
pour faire la connaissance de vos charmes que je pressens ardents : je cherche
le père de la mariée. Avant de m’éclipser discrètement », fait-il pour la
décourager : manquerait plus qu’il se fasse repérer par des écarts de conduite
sur les pelouses de l’amiral ! Déjà que de tirer au canon aérien, ça ne lui
avait pas plu, alors « tirer » dans ses murs ou sur sa pelouse, Paul n’ose même
pas en imaginer les conséquences…
« Il est là-bas », fait-elle
avec une petite moue un peu déçue qui lui va à ravir et met en valeur la
couleur de son regard sous le ciel indécis.
Même pas le temps de prendre congé, que déjà il est alpagué par un
sous-officier en tenue qui le conduit dans un salon de la maison richement
meublée.
Il n’a pas longtemps à attendre.
« Ravi que vous ayez pu venir !
» fait de sa voix au timbre grave si particulier, le vice-Amiral Gustave Morthe
de l'Argentière qui pénètre de façon tonitruante dans la pièce à grandes
enjambées alors que Paul lui tournait le dos.
« Vous avez pris du poids, dirait-on
! » Et lui, quelques cheveux blancs supplémentaires.
Il ne prend pas le temps de faire des discours, comme à son habitude.
« J’ai suivi vos pérégrinations :
Toujours une tête brûlée, à ce qui me semble… Malgré vos promotions ! »
Il ne laisse pas le temps à Paul d’infirmer.
« Mon cher Paul, ça tombe plutôt
bien pour ce qu’on a à se dire. Figurez-vous que je suis devenu le patron de la
Direction du Renseignement des Forces Navales, l’ancienne DRM. Vous connaissez,
je suppose ? »
S’il connaissait…
« Je ne sais pas trop ce que vous
fabriquez dans le civil, mais il se trouve que, je ne sais pas comment, ni
encore moins pourquoi, j’ai été chargé de vous… comment dire ? De vous
cornaquer dans une mission complexe que vous ne pouvez pas refuser. Car, si
j’ai bien compris, vous avez encore fait une connerie qui a fâché le locataire
précaire de l’Élysée. Je ne sais pas laquelle et je ne veux pas savoir. Mais il
est et reste le chef des armées au moins jusqu’en 2012. Alors voilà, quand il a
des exigences, on s’emploie tous à rester aux ordres. »
Pas question, commence à bouillir Paul.
« Amiral, je vous arrête tout net :
Il est hors de question que je sois le complice d’un crime, même d’État, pour
procurer une bite assez longue à notre Président pour qu’il engrosse sans FIV
sa bonne femme ! Ou alors il utilise les prothèses que j’ai pour lui dans le
coffre de ma voiture. »
Quiproquo : De quoi cause son ex-officier navigant ?
« Vous n’êtes pas au courant ? Il
veut se faire greffer une grosse bite assez longue prélevée sur un prisonnier
politique chinois ! ».
L’amiral éclate de rire.
Mais non, mais non : « Ce n’est pas
du tout ça. Vous débloquez complétement et racontez n’importe quoi, mon jeune
ami ! Il s’agit bien de chinois, mais plutôt de leur prototype d’avion de
combat J20 dont nos alliés américains voudraient aussi en savoir plus à son
sujet ! »
L’amiral n’est manifestement pas au parfum du tout.
« Là, je suis au courant. Ils
veulent même que j’aille tâter du Sukhoï 50 par la même occasion et aller péter
la gueule au futur candidat d’opposition qui crèche à Washington à la tête de
la « Banque mondiale des pauvres » et autres États défaillants ! »
Ah non ! « Je vous arrête. Pour le
Sukhoï, nous sommes intéressés également. On a assez peu de précision à son
sujet sinon que c’est un jet de combat de 5ème génération supérieur
au Rafale. Le J 20, on s’en fout, mais ça les intéresse, eux. Quant à une
intervention dans le domaine « politique », c’est totalement hors de sujet !
»
Bien naturellement…
Et puis il se ravise. « En tout cas,
je, et avec moi tout le service, ne veux pas en savoir ! Nous nierons toute
éventuelle implication ! »
Voilà qui n’est pas clair.
« Bon ! Et je fais quoi, moi alors ?
»
« Vous vous mettez à leur
disposition et vous nous rendez-compte. Attention, vous n’apparaissez nulle
part dans nos livres, pas même à l’occasion de la moindre petite ligne de
crédit ou d’un formulaire de remboursement de frais. Même pas un ticket de
métro : Vous vous démerdez, mon bon ami ! Ordre du « château » ! »
Les ordres cons, décidément, ils ne savent plus faire que ça ! L’année
dernière c’était un général et un colonel sous ordre du ministre, maintenant on
passe à un Amiral des services de barbouzes de la Royale piloté par l’Élysée en
direct !
C’est fou, ça !
Demain sera-ce carrément l’Europe ou l’ONU tant qu’on peut encore espérer
en survivre ?
« Leur idée n’est pas stupide. Je
vous la livre et vous débrouillerez après. Vous avez un prototype qui n’aurait
jamais dû exister. De plus, il doit être convoyé à Caritat-Air-Base. Ils
suggèrent (qui « ils » ? Il ne saura pas…) que vous fassiez un dernier vol
assez utopique qui consisterait battre le record d’un tour du monde avec votre
prototype. »
Paul sait que le record est détenu par Riccardo Mortara, un aviateur
italo-suisse, et son équipage, avec escales et sur un appareil pesant entre
9.000 et 12.000 kg selon la quantité de carburant emportée.
Parti de Genève à 07 h 12 un vendredi, le jet d'affaires, un Rockwell
Saberliner 65, a fait le tour du monde en moins de 58 heures et est revenu à
Genève le dimanche suivant à 17 h 06. Riccardo Mortara, alors âgé de 62 ans,
son fils Gabriel Mortara, 28 ans, et Flavien Guderzo, 26 ans, ont franchi une
distance de 36.900 kilomètres à une vitesse moyenne de 647 km/h en 57 h 54.
33 pays ont été survolés pour l’occasion. Dix escales de ravitaillement
ont été nécessaires et Riccardo n'a dormi qu'une heure et demie pendant tout le
vol sans quitter son cockpit. Ils auraient même pu réaliser le périple plus
rapidement, mais ils ont dû changer l'itinéraire en raison d'une éruption
volcanique en Islande. Et de rappeler que le précédent record était détenu
l'américain Arthur Godfrey qui avait fait le tour du monde en 1966 à une
vitesse moyenne de 436 km/h.
Mieux, en février 2006, l'américain Steeve Fossett a réalisé le tour de la
terre et sans escale en 67 heures à bord d'un « Virgin Atlantic Global Flyer »
dont il était question encore la veille dans son entretien d’avec « Beauty ».
Quant au record de la plus grande distance franchissable il est détenu par
un B52 de l'US Air Force, sur 23.210 km sans escale, plus que devançant,
depuis, l'aile volante furtive B2 qui peut parcourir 18.000 km sans se
ravitailler, ou que l'Airbus A340 qui fit sensation lors du salon du Bourget
1993. Ce fut le premier avion de ligne à faire le tour du monde en ne faisant
qu'une seule escale.
Airbus démontra alors que son dernier-né de l’époque pouvait assurer de
nouvelles liaisons directes. Actuellement, ce sont les A340-500 (16.500 km) et
les B777-200 LR (17.400 km) et surtout l’A380 qui fait un demi-tour du monde
sans escale avec la réserve de sécurité en plus dans les réservoirs, tous les
recordmen de la distance franchissable dans le domaine de l'aviation
commerciale.
Très loin du Nivelle 001… Qui certes peut aller 3 à 4 fois plus vite, mais
perdra un temps fou à ravitailler… surtout si on le garde au sol pour examen
approfondi.
« Même avec escale ce n’est pas
commode en raison des temps de montée et de descente toutes les heures… Quel
intérêt ? »
« Vous faire entrer dans la légende
! »
Rien que ça ?
Paul a dû refreiner une folle envie de piquer un sprint jusqu’à sa
voiture, direction le premier bateau pour la Corse et filer à l’anglaise sur
son « Lisbeth » vers des îles perdues qui ne figurent toujours pas sur les
cartes maritimes, pour ne pas paraître ridicule…
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