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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

mardi 10 octobre 2017

Vous finirez par leur dire « Merci » !


C’est l’objectif affiché des « Maîtres du monde ».
 
Et depuis toujours, d’ailleurs. Puisqu’ils œuvrent pour « votre bonheur » sans que vous ne le sachiez.
Bon, tant pis s’il y a de « la casse » entre-temps : C’est une nécessité incontournable et donc acceptable.
« Il y en a certains au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d'aller regarder s'il peuvent avoir des postes là-bas… », après les « gens de rien », le quinquennat des « sans-dents » et celui du « Kaas-toi-pôv’-kon ! » il n’y a aucune raison de se révolter, braves-gens !
 
C’est en tout cas ce qu’il ressort des dernières trivialités de la semaine passée.
Quand il punit de son verbe des ouvriers blousés, qui manifestent contre un sort injuste au lieu de toquer à la porte d’une fonderie corrézienne (qui n’a pas les moyens de tous les accueillir à 150 km de là), le seul « bordel » est celui des commentaires qu’on ne veut pas comprendre.
« Jupiter » a voulu dire quelque chose d’important au salariat : On a raison de ne pas se révolter.
Ce n’est pas rien, d’admettre cela, quand toute l’histoire du mouvement ouvrier fut un refus et un combat, contre l’absolutisme patronal jadis, les inégalités sociales ensuite, et depuis cinquante ans contre la mort des usines : La fin d’un monde sans douceur, mais structurant…
Tout cela s’achève rudement pour que l’on comprenne. Et les cris sont vains désormais, comme les grèves ou les manifestations.
Il faut accepter, d’abord, et faire confiance, et, dominés, s’en remettre aux dominants : Seuls survivront « les soumis » aux « Maîtres du monde », car ils comprennent le monde et diront « merci » à leurs maîtres.
 
Tout se tient, alors, dans la séquence ouvrière du chef de l’État, qui l’a vu pérégriner des Hauts-de-France à l’Aquitaine, du soulagement des Whirlpool – fabriquant de lave-vaisselles lestés d’un plan social décent et d’un repreneur ambitieux – et de l’espérance des Amazon – jeunes gens embauchés par le géant de la distribution, agrégés à une culture de secte productive – à la colère des GM&S, ces sous-traitants de l’automobile qui laissent 156 camarades sur le carreau…
Ce président n’a pas vraiment courtisé les ouvriers. Il les a triés. Il s’est montré, chez les Whirlpool, urbain et attentif, humain et concerné.
Avec les GM&S, il était agacé et brutal, par ses mots et les lacrymogènes de ses forces de l’ordre. Il n’y avait là ni dérapage ni contradiction, mais une cohérence absolue, politique.
Doux avec ceux qui s’en sortent, parce qu’ils l’ont mérité. Dur avec ceux qui fuient leur destin.
 
Ainsi se transforme une société. Il trie manifestement entre ceux qu’il repousse ou ceux qu’il agrée. À ceux-là, il ne leur ment pas sur ce qu’il est, ce qu’il veut, ce qu’il faut selon lui : En finir avec l’illusion des luttes qui n’apportent aux salariés que plus de malheurs et attisent la méfiance du capitalisme envers une « Gauloisie-rétive ».
Cette dialectique trouve sa quintessence à Amiens, la ville natale de « Jupiter ». On ne peut pas comprendre ce qui se joue autour de Whirlpool sans se souvenir d’une autre usine, qui s’appelait Goodyear, devenue le repoussoir du « monde d’après ». On y fabriquait des pneus. Goodyear a été l’ultime forteresse ouvrière, un combat de sept ans, un défi lancé à une multinationale et aux autorités et ce combat méritait une punition exemplaire. Cela s’est mal terminé.
Les ouvriers ont payé leurs refus du chômage et de la stigmatisation. On les accuse désormais d’avoir fabriqué leur propre malheur par leur intransigeance. Leurs leaders ont été condamnés pour violences et séquestrations.
On les ostracise.
Eux pensaient simplement vivre debout : Gag !
Sans se soumettre ? Allons donc…
 
Souvenez-vous, en 2007, Goodyear-Dunlop décide de rapprocher deux usines à Amiens et pour cela veut réorganiser la production. Il faut accepter les « 4-8 », un système de roulement efficace (quatre équipes se relaient toutes les huit heures, y compris le week-end) mais destructeur pour les familles des ouvriers.
On y perd ses repères, ses week-ends et ce qui reste de sa vie. Les ouvriers votent, sous une menace explicite : En cas de refus, les licenciements tomberont.
Un site accepte, Dunlop, l’autre refuse, Goodyear.
Dunlop sera préservé et Goodyear, méthodiquement puni, étouffé, voué à l’obsolescence et au saignement des effectifs.
Cela durera des années.
 
Ils sont défendus par un avocat militant communiste depuis ses 17 ans, adversaire des multinationales, qui organise une stratégie d’empêchement des plans sociaux.
La multinationale est battue dans les prétoires, encore et encore. Chaque succès judiciaire fait gagner une poignée de mois aux salariés. Ce n’est pas rien. À l’arrivée, ils perdent tout, et jusqu’à la patience des politiques.
Même les « soces », « Monte-et-bourre-la » et « Tagada-à-la-fraise-des-bois », qui les courtisaient, se lassent de leur dureté.
La CGT des Goodyear est trop rouge. Son leader se présente aux législatives de 2012. Font-ils de la politique anticapitaliste ou du syndicalisme ?
Une tentative de reprise par Titan, fabriquant américain de pneus, échoue.
Le PDG, « Jupitérien » avant l’heure, dénonce les « timbrés de la CGT » et le modèle « gauloisien » : « La journée d’un ouvrier français fait sept heures payées mais les ouvriers prennent une heure pour déjeuner et faire des pauses, ils travaillent trois heures, et les trois autres heures ils s’assoient ou se promènent et discutent. Il faudrait dérouler le tapis rouge à toutes les entreprises qui veulent investir de l’argent en France ! Bientôt, même Michelin ne produira plus de pneus en France parce que c’est trop cher ! »
Ça fait longtemps que la « Michelin » a délocalisé. Ça paye le siège et les scories « Gauloisiennes ».
 
Les années de la crise Goodyear sont celles de la transhumance idéologique de la gôche. « J’aime l’entreprise », proclamait « Menuet-Valse ». Il faut être attractif aux capitaux étrangers. Il faut s’adapter.
Goodyear disparaît. La multinationale finit par obtenir la fermeture de l’usine en 2014. Des centaines de Goodyear restent sur le carreau. Ils s’égaillent dans l’intérim. Ils sont ceux qui se sont battus pour leur malheur.
 
La crise Whirlpool survient ensuite, dans une classe ouvrière amiénoise échaudée.
C’est en janvier 2017, le 24, que les salariés apprennent la délocalisation à venir et la fermeture prévue en 2018. Dans le saisissement, ils savent une chose. « Nous ne serons pas les Goodyear », murmure-t-on. Ils se le disent. On le leur conseille.
« Les Goodyear ne retrouvent pas de travail, ils sont marqués par ce qui est arrivé, ils font peur aux patrons, on nous le disait, on avait ça en tête », dit la responsable de la CGC-CFE.
Cela calme. Et les Whirlpool ne franchiront pas les lignes. On les accompagnera.
Ils joueront le jeu avec la puissance publique, allant chercher les autorités contre leur actionnaire. Les « politiques » aussi, échaudés, se montrent « constructifs ». Quand la crise se noue, « Jupiter » est en campagne. C’est le gouvernement « Casa-toute-neuve » et son secrétaire d'État à l’Industrie « Chris-la-Scie-rit-gue » qui démontrent que la social-démocratie, au bout du compte, n’aura pas été inutile : La Loi Florange fait obligation à Whirlpool de trouver un repreneur. Un plan social est mis en route. Les salariés s’en sortent bien. Ils toucheront des indemnités avant d’être repris. Les intérimaires restent en l’air…
Dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, « Manu-Mac-Rond » est venu à Amiens. Il dit aux ouvriers, en face, que Whirlpool ne sera pas sauvé, mais que eux, on ne les abandonnera pas. Il trie le bon grain ouvrier de l’ivraie : « Qu’est-ce qui s’est passé à Goodyear ? Vous n’avez pas une intersyndicale et des salariés qui ont pris leurs responsabilités comme vous. Ils ont tout bloqué. Vous n’avez pas été dans la surenchère, vous avez préservé l’image du site et l’intérêt des salariés. ».
Ainsi désignés « responsables », les Whirlpool échappent au sort des Goodyear.
Ceux qui luttent, contestent, manifestent, finissent par saboter et dégoûter les investisseurs. Il faut les réduire, dans l’intérêt même des travailleurs.
Il faut combattre ceux qui entraînent les ouvriers dans des mauvais combats.
La CGT était responsable de la chute de Goodyear. Les manifestants empêcheraient la reconversion des GM&S : La sagesse des Whirlpool les a sauvés.
 
Tout ceci n’est pas qu’une simple actualité. S’agitent des forces qui vous dépassent. Les destins des ouvriers de la Somme ou de la Creuse sont l’aboutissement d’une longue parade de défaites. En 1978-79 les syndicats, CGT en tête, avaient jeté toutes leurs forces contre des plans de restructuration de la sidérurgie, dans des protestations culminant en une manifestation monstre à Paris. En vain : Elle n’existe plus.
Le paysage industriel serait éradiqué, dévasté : C’est le « meilleur » pour les « Maîtres du monde » et vous leur direz « merci ! ».
La classe ouvrière organisée, dès son premier combat, avait perdu. Elle lutterait pourtant, et encore, contre « la casse », pour « l’outil de travail », jusqu’à l’épuisement.
Jusqu’à l’épuisement ? Goodyear apparaît comme la fin d’un cycle. Whirlpool, un nouveau modèle. L’acceptation comme seule voie de salut : Le monde est ainsi, avec lequel on ne transige pas.
 
« Jupiter » verbalise en fait un ajustement au monde réel. Mais il renoue, en même temps, avec un discours patronal venu de très loin : « La grève, c’est une barbarie ! C’est quelque chose que le gouvernement a le devoir de conjurer et d’éviter », lançait en 1901 le député Joseph Thierry, porte-parole du grand commerce marseillais (cité dans « Les Patrons et la politique », de Jean Garrigues).
Au XIXème siècle, et à nouveau au début du XXème, le patronat obtenait des gouvernements que la troupe tire sur les ouvriers révoltés. Le patronat organisait des syndicats « jaunes », comprenant ses raisons, prônant « un mouvement ouvrier nouveau, bien français, sage, ennemi de la politique, proclamant hautement un désir sincère d’entente et de conciliation » lit-on dans « Les Patrons et la politique »…
On croirait entendre les odes à la responsabilité de « Jupiter » qui se garde bien de faire référence au « modèle » d’Outre-Rhin qui a fait sa révolution-syndicale depuis bien des décennies et avec le succès que l’on sait…
 
Tout ne se vaut pas. Les gaz lacrymogènes utilisés contre les GM&S ne sont pas les balles des troupes de Clemenceau et les ouvriers de Whirlpool ne sont pas « des jaunes ». Mais la dialectique reste inchangée. À nouveau, les raisons du capitalisme s’imposent. À nouveau, le pouvoir politique n’admet pas que des ouvriers, égarés, échappent à cette logique.
« Jupiter » fustigeant les meneurs de Goodyear, semble un écho du Premier ministre « Pierrot-Messe-mer », qui vitupérait en 1973 contre les ouvriers de l’entreprise d’horlogerie Lip.
Menacés de licenciement, ceux-là s’étaient appropriés le stock de montres de l’usine, le vendait directement au consommateur et s’embarquaient dans l’autogestion soutenus par « Roro-Card » : Ce fut aussi une légende ouvrière et un rude conflit. On était dans l’après mai-68, au temps des utopies. Pour « Messe-mer » alors « premier-sinistre », cette échappée était une profanation.
« L’obstination et l'aveuglement de certains dirigeants syndicaux ont porté à cette entreprise un coup mortel », dénonçait-il, un jour de blocage de négociations. « Les ouvriers de Lip ne méritaient pas le malheur dans lequel des dirigeants aveugles, emportés par la passion, les ont plongés. »
Rappelons que, globalement, Monsieur Lip avait vendu et s’était tiré en croisière-perpétuelle au soleil, ras-le-bol de se lever tous les matins pour affronter ses syndicats : On peut aussi comprendre que « donner du travail » à autrui soit un travail épuisant.
 
Notez quand même l’étrange et étonnante permanence du vocabulaire, entre le vétéran « Messe-mer » et l’encore jeune « Jupiter », à 44 ans de distance !
Le monde était déjà et est une restauration contrainte. « Messe-mer », jadis, ou les maîtres de Forges, ne faisaient que conforter les hiérarchies sociales et politiques.
« Jupiter » lui dispose d’un argument supplémentaire : En temps de crise, il est d’une urgence vitale de ne plus effaroucher l’investisseur et le salarié, traumatisé par tant de morts autour de lui, abdique pour sa survie. Il n’a pas d’autre choix, sauf à périr.
Qui a les moyens de tout perdre ? La violence subie par les Goodyear, dénoncés et châtiés, est une pédagogie par l’exemple…
 
Ainsi va le salariat, qui redoute le combat, non pas par amour du capitalisme ou respect de l’actionnaire, mais parce qu’il sait ce que valent les patrons, ce que médite l’ennemi, qui est fort. Ainsi vit le salariat, conscient de sa faiblesse. Ainsi médite le salariat : « On a raison de ne pas se révolter ».
Ainsi plaident ceux qui se battent : « Nous n’en mourrons pas ».
Est-ce si sûr ? Ne vaut-il pas mieux se faire petit, accepter et suivre alors ceux qui décident, qui gouvernent ?
Et leur dire « merci » ?
Ils sont « légitimes » et on en devient « légitimiste » : C’est la porte d’entrée de la « soumission ».
 
Ainsi avance « Jupiter » : Il réclame de l’ordre et de la confiance, qu’on le suive, qu’on l’écoute, que l’on ne perturbe rien, pour le bien même des salariés.
Sa bienveillance est autoritaire.
Ses réformes prévoient le licenciement des salariés qui se déroberont aux intérêts de l’entreprise. Il n’y a pas d’autre choix.
N’y aura-t-il jamais plus de luttes, plus de « romantisme » à la Zola, plus jamais le « tous ensemble » prémisse de l’ivresse des catastrophes ?
Juste des usines qui ferment et des salariés que l’on sauve, seulement ceux qui le méritent s’ils ne perturbent pas la juste marche de l’économie, s’ils n’embarrassent la « Gauloisie-en-marche » aux yeux du monde.
 
Qu’ils acceptent, simplement : Il n’y a pas d’humiliation et le bon docteur « Manu-le-Jupitérien » a été choisi pour faire passer le message.
Désormais, il leur vaudra mieux cela qu’être désignés comme fauteur de troubles !
La classe ouvrière ne peut qu’écouter et dire « merci ».
Parce qu’elle n’est plus une « classe », mais des individus tenaillés par le risque.
Et il y aura un avenir. On formera ses enfants à ces réalités dans un monde sans mémoire de l’économie nouvelle qui avance.
Je ne « romance » pas : Ça s’est passé de la sorte sous vos yeux et vous n’avez rien vu.
Mais au bout, vous finirez par dire « merci » à vos « Maîtres bienveillants ».
De toute façon, ils ont besoin de vous pour bouffer les saloperies qu’ils vous diront de bouffer, même s’il y a de l’aluminium dans les vaccins de vos gamins et des métaux-lourds dans vos smartphones. Ce n’est pas bien grave : Il faut bien mourir de quelque chose, après tout.

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